Accord EU-MERCOSUR : pour nous pas de douceur, mais de l'aigreur
- Stefaan Van Haecke
- 6 déc. 2024
- 3 min de lecture
En temps normal, la fête de Saint-Nicolas est accompagnée de beaucoup de douceur, mais ce vendredi 6 décembre 2024, c’est l’aigreur qui domine. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a jugé bon de jouer au Saint-Nicolas pour l’industrie sucrière brésilienne et paraguayenne et de mettre les agriculteurs européens dans le sac !
Jusqu’où ira l’incohérence de la Commission européenne ? Pour faciliter l’exportation vers l’Amérique du Sud des voitures allemandes, diesel et essence - beaucoup trop polluantes selon l’UE – et qui, selon l’UE, ne devraient pas avoir d’avenir en Europe, Ursula Von der Leyen, au nom de l’UE, a concédé à peu près tout. Un accord dans lequel les produits phytosanitaires fabriqués
en Europe, mais interdits depuis longtemps ici, sont autorisés à être exportés, sans taxes, vers le Brésil, pour être utilisés - le cas échéant - dans la culture de la canne à sucre.
Pendant qu’Ursula Von der Leyen essaie de sauver la planète avec un « Green Deal » (FKNG !), elle promet aux Sud-Américains un Black Deal (noir : un peu de suie et autres en plus ... pour leur environnement) et au final, sacrifie les betteraviers européens sur l’autel du « libre-échange
» !
Les faits
Le Brésil (qui forme avec l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie la zone de libre-échange Mercosur) a depuis longtemps obtenu de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) qu’il puisse avoir accès au marché européen. Un quota de 285.000 tonnes de
sucre brut leur a été accordé. Toutefois, ce sucre brut est soumis à un droit d’entrée dans l’UE de 98 euros par tonne. Si l’on y ajoute quelques « taxes d’assurance européennes », ce montant s’élève rapidement à 120 euros/tonne de sucre. Dans le nouvel accord, ce prélèvement
- qui ne concerne que 1,2 % de la consommation intracommunautaire, selon la Commission - disparaît complètement pour 180.000 tonnes ! Or, 180.000 tonnes de sucre, c’est pratiquement la production annuelle d’une usine d’un grand groupe comme ISCAL. Le Paraguay obtient également un quota supplémentaire de 10.000 tonnes en franchise de droits.
Les conséquences
Outre l’accès en franchise de droits accordé de longue date à certains pays en développement et l’accès en franchise de droits accordé plus récemment au sucre de l’Ukraine ravagée par la guerre (260.000 tonnes en 24/25), un autre quota de sucre supplémentaire en franchise
de droits vient maintenant casser les prix du sucre européen. Par nature, les prix des produits agricoles sont cycliques : ils connaissent à la fois des hauts et à la fois des bas, longs et profonds. L’accès supplémentaire au sucre sud-américain en franchise de droits garantira
probablement qu’à l’avenir, les pics seront moins élevés et les creux plus longs. Comme le prix de la betterave est directement lié au prix du sucre, cela signifie que nos revenus en tant que producteurs de betteraves subiront le même sort ! De quoi être frustré !
L’avenir : que pouvons-nous faire ?
Pour l’instant, seule la Commission a conclu l’accord Mercosur. Cet accord doit être ratifié par le
Conseil européen et le Parlement européen. Certains grands pays comme la France et la Pologne s’y opposent. Ils veulent protéger leurs agriculteurs ! Pour l’instant, ils ne sont pas assez nombreux pour empêcher l’accord. Il faudra donc faire pression sur les gouvernements des autres pays. Apparemment, les politiciens ont déjà oublié les protestations des agriculteurs au début de l’année 2024 et les promesses qu’ils avaient faites à l’époque !
C’est pourquoi, lorsque les différentes organisations agricoles prévoient des actions de retour prochainement, il faut sortir le cheval et le tracteur de l’écurie ! Il s’agit aussi de votre revenu en
tant que producteur de betteraves !



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